Une contribution d'Amélie Barbey, éthnologue, IDEMEC (Institut d’ethnologie européenne, méditerranéenne et comparative) à la revue "Hommes & Migrations" sur les migrations en cours dans l'océan indien :
"Aujourd’hui, les flux migratoires de l’archipel des Comores vers les pays de la zone Océan indien tendent à se tarir. Seule Mayotte fait exception à la règle en raison de la faible distance spatiale qui la sépare de ses îles sœurs. (...) C’est la France, ou plus largement l’Europe, qui est généralement visée par les migrants. En effet, beaucoup partent afin de pouvoir remplir de coûteuses obligations qui leur sont imposées par la tradition, notamment en Grande Comore. Les séjours en Afrique de l’Est, à Madagascar ou dans les îles françaises de l’Océan indien ne leur permettent que difficilement d’amasser les sommes requises. D’autre part, la présence d’environ 200 000 de leurs compatriotes dans les grandes villes françaises assure aux nouveaux venus la possibilité d’un accueil et d’une aide à l’insertion. Les réseaux familiaux et villageois peuvent ainsi être sollicités dans les recherches d’un logement, d’un emploi, d’un conjoint… " Amélie Barbey, (2013).
Les contraintes sociales et culturelles de leurs terres d'origine, la possibilité de pratiquer une agriculture vivrière en étant employé par des patrons Mahorais, un accès même restreint au système public de santé, la scolarisation des enfants, la perspective de maigres salaires (150,00€ mensuels).
Ce sont là les motivations de migrants qui affrontent en kwasa kwasa les risques de l'océan et à présent un crise d'expulsions sans précédent.
En explicit, une conclusion lapidaire et un rien apocalyptique d'Hérodote (revue trimestrielle de géopolitique et de géographie fondée par Yves Lacoste) qui a le mérite d’être percutante si ce n'est nuancée :
"L'avenir s'avère d'autant plus sombre que les Mahorais de souche tendent à abandonner leur île aux immigrants illégaux. Ils usent de leur citoyenneté pour aller chercher une vie plus sereine à la Réunion ou en métropole (Marseille abrite plus de Comoriens que Mayotte).
Par une aberration singulière, les immigrants illégaux et leurs enfants, qui ne peuvent sortir de l'île légalement, pourraient bientôt devenir les seuls habitants permanents de l'île, aux côtés des policiers et administrateurs métropolitains." Hérodote, (2016).
Liens externes
Amélie Barbey, "Les migrations comoriennes dans l’ouest de l’Océan indien", Hommes et migrations, 1279 | 2009, p.154-164 : https://hommesmigrations.revues.org/344
Duflo Marie, Ghaem Marjane, "Mayotte, une zone de non-droit", Plein droit 1/2014 (n° 100), p.31-34 : https://www.cairn.info/revue-plein-droit-2014-1-page-31.htm
Carayol Rémi, "Les enfants passeurs de Mayotte", Plein droit 1/2010 (n° 84), p.30-32 : www.cairn.info/revue-plein-droit-2010-1-page-30.htm
Math Antoine, "Mayotte, terre d’émigration massive", Plein droit 1/2013 (n° 96), p.31-34 : https://www.cairn.info/revue-plein-droit-2013-1-page-31.htm
Hérodote, 25 avril 1841, "Mayotte, française par accident" : https://www.herodote.net/25_avril_1841-evenement-18410425.php
Wikipédia : kwasa kwasa
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